Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Estrella Oscura
11 septembre 2007

A propos de Virginia Woolf

Me fascine chez Woolf (tout comme chez Proust) cette capacité à sentir, simplement sentir.
Cela me frappe en lisant un petit recueil d'écrits sur des scènes de la vie quotidienne composé pour un journal.
La scène londonienne, coll. Titres, Christian Bourgois éditeur.

Il ne se passe à priori rien et pourtant dans ces instants simples, sans évènements sensément foudroyants (comme ils s'en passent tant chaque jour), elle parvient à décoller cette pellicule du visible, la première couche, le décor, et à sentir un univers de sensations, de sentiments, quelque chose d'impalpable qu'on ne peut voir qu'en fermant les yeux, avec les pores de la sensibilité.

Dans ces mots, se dessine une intense vacuité de toutes choses en même temps qu'une acuité hallucinante du moindre mouvement. Elle semble distiller une manière particulière de voir la vie, simplement sans aventures superficielles, un équilibre périlleux et flottant entre toute une activité invisible qui nous échappe.

Un lecteur la découvrant ressent fréquemment un ennui terrible, à cause d'un manque 'd'exceptionnel' flagrant. Moi même, lors de ma première approche de Woolf, par Mrs Dalloway, j'ai éprouvé quelques difficulté à la saisir, à la comprendre. Elle me délivrait un regard nouveau que je n'ai pas compris d'emblée. A présent, là où je voyais une opposition entre vacuité et exceptionnel, j'y conçois une étroite corrélation. Si j'entends par vacuité le fait que rien n'existe en soi, que tout est une question d'intéraction, de création renouvelée de chaque instant, de ressenti, alors toute chose peut potentiellement devenir exceptionnelle : il suffit d'être ouvert pour le sentir.
Là me semble la finalité de son travail : Un renouvellement de la forme établie du roman pour un renouvellement de la manière établie de concevoir l'existence. Chaque sensation et chaque lien qui les relie devient matière à un extraordinaire. La pesanteur de la vie et sa légèreté, tout ensemble. Funambule.


Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Archives
Publicité