Fragments mercuriens

Ligne directrice : écrire dehors, sous le soleil de juillet

---

Le grand oeil courbe lourdement endimanché s'incline. Elle s'ennuit  profondément d'attendre l'heure élue, l'or ému d'une illustre journée en écharpe rouge où personne ne vient.

*

A cette heure où il n'y a personne, il y a un oeil enroulé dans un pull-over bleu (qui dessine un arbre qui dessine un oeil qui dessine un arbre).

*

Tiens, là voilà bien petite cette petite chose-là ; elle pleure comme une allumette en hiver.

*

J'ai un noeud dans les cheveux et c'est moi qui l'ait fait. Tournicoté autour du doigt. Il me tient compagnie.

*

J'aime qu'on chipotte ma coiffure bourgeoise à la frange impeccable ; sucée par le soleil malgré le parasol blanc. Aujourd'hui, samedi 14 juillet, je m'apprête à fêter ce qu'il y a de mieux après un rendez-vous chez le coiffeur : une petite mort ronde comme un ballon.

*

Je suis blonde. Je pense qu'aujourd'hui est un de ces jours à attendre un or terne. Tout le monde porte des lunettes de soleil, même oranges, d'où glisse un trait pincé par le rayon de son regard. Je le vois me regarder, se dit-elle.

*

Il est si beau que je rêve encore de le tuer, puis le sculpter avec une petite pince à épiler et le rendre humain. La vaguelette du dossier ne sert qu'à l'auréoler, tout devient irréel comme dans une carte postale. Je déteste cette sensation.
Madame, à côté de la plante amoureuse, rougit dans sa gorge de femelle et chatouille la feuille n°4, celle avec une légère décoloration à l'extrémité, un peu plus fade et assoiffée où les veines serpentent drôlement rouges.

Il n'y a pas d'exercice méthodique auquel soumette cet instant.

*

La vitre-pluie sert ce visage contre elle ; l'oeil saisit la note que j'ouïs en extase, vois danser nue dans un boudoir de velours.

*

Je vois là, que te dire, que ton corps me manque. Il s'évapore par coquetterie.

---